En 2021, deux anniversaires ont été célébrés en France, qui ont suscité une vive controverse: le 200e anniversaire de la France. Le 150e anniversaire de la mort de Napoléon et le 150e anniversaire de la Commune de Paris. A Paris, il y avait une multitude d’actions et D’activités qui rappelaient la Commune de Paris.
Cela inclut l’exposition « Nous la Commune » sur la place de la Bastille.
La place de la Bastille se prête naturellement à une telle exposition, car elle place la Commune dans la Tradition révolutionnaire de la France: dans les révolutions précédentes de 1789, 1830 et 1848, la place de la Bastille a joué un rôle central. Et même à l’époque de la Commune, la place de la Bastille était un « épicentre de la mobilisation populaire ». [1]
Pour cela, après plusieurs années de transformation, la place se montre dans un nouvel éclat: un peu calmée par la circulation, elle n’est plus dominée uniquement par la circulation automobile et complètement découpée. En outre, il a gagné une attraction supplémentaire grâce à un accès direct depuis et vers le port D’Arsenal.
Le nouvel escalier entre la place de la Bastille et le port D’Arsenal. En arrière-plan, la colonne à la mémoire des victimes de la révolution de juillet de 1830
Au total, sur la clôture de la station de métro et du port D’Arsenal se trouvent 50 « camarades en carton » avec les Portraits de Communards: des hommes et des femmes D’âges différents, D’appartenance sociale, d’origine nationale ou géographique, de tendances politiques différentes et de milieux professionnels très différents. On y trouve parfois des personnalités de la Commune comme Louise Michel, Jules Vallès ou Gustave Courbet, des hommes et des femmes peu connus qui se sont engagés de différentes manières dans la Commune. L’inclure ici était particulièrement important pour les créateurs de l’exposition: « Nous la Commune » vise précisément à montrer le large soutien de la Commune au sein de la population parisienne. Une restriction à la » proéminence » ne serait guère à la hauteur de cette revendication. Beaucoup D’entre eux ont été représentés pour la première fois, peut-être parce qu’il n’y a pas de représentations contemporaines correspondantes. Le sort des personnes incluses dans l’exposition est également différent: certaines ont été tuées au combat, d’autres ont été tuées pendant ou après la « semaine du sang », la semaine sangante, fusillés ou déportés, d’autres encore sont partis en Exil. Mais quelques-uns ont pu continuer leur vie précédente. Les figures de l’exposition sont accompagnées d’informations appropriées: par exemple, un pupitre pour les élus de la Commune, un bonnet phrygien pour les partisans du jacobinisme, un bateau pour les déportés, un crâne pour les morts au combat…. Il y a un petit texte biographique. Dans l’ensemble, une présentation vivante et stimulante au bon endroit: non seulement en raison de la Tradition révolutionnaire de la place de la Bastille, mais aussi en raison de son dynamisme-et, plus récemment, de sa popularité accrue. Ainsi, les gens n’ont pas à surmonter les barrières pour se rendre à l’exposition, mais celle-ci vient à eux.
La compilation qui suit n’est pas une documentation de l’exposition, seule une sélection de 18 personnes est présentée, tout en essayant de donner une idée de la grande diversité qui caractérise la Commune parisienne, selon les exigences de l’exposition. Cette Diversité est une Raison essentielle pour le Dynamisme et le Rayonnement de ces 72 Jours. Les personnes sélectionnées sont classées par ordre alphabétique. Les textes joints sont en grande partie basés sur les informations fournies aux figures de l’exposition.
Mohamed Ben Ali
Mohamed Ben Ali était tirailleur Algérie c’est-à-dire l’un des 9000 soldats algériens qui ont participé à la guerre franco-allemande. Ils ont également été appelés « turcos » en raison de leur présentation.
La plupart d’entre eux furent rapatriés en mars 1871 après la pré-paix entre la France et l’Empire allemand. Quelques-uns comme Mohamed Ben Ali ont rejoint la Commune. Il est ordonné prêtre à Maxime Lisbonne (voir ci-dessous) et meurt lors des combats de la semaine sanglant.[2]
Henry Champy
Pendant le siège de Paris, il y avait un grand manque de nourriture dont la ville était coupée. Les Éléphants Castor et Pollux du Jardin d’acclimatation ont été tués, et les restaurants raffinés ont offert des côtelettes de chameau et du ragoût D’antilope. Pour les pauvres, il restait des chats, des chiens et des rats. Henry Champy a été chargé par la Commune d’organiser et d’améliorer l’approvisionnement de la population. Des cantines urbaines ont été mises en place, le commerce intermédiaire a été supprimé et les prix réglementés.
L’image de Champy dans l’exposition s’inspire D’une image de Narcisse Chaillous[3]:
Il montre un vendeur de rats pendant le siège de Paris en 1870: le boucher retrousse ses manches comme s’il s’agissait de découper un gros morceau de viande… sur L’image de Champy de l’exposition, le rat est équipé d’un bonnet prussien: la défaite de la Commune a été faite par les troupes officielles de la République française, les Versaillais, mais « avec le soutien amical » de la part de l’Allemagne.
Jean-Baptiste Clément
Le chanteur et chansonnier Jean-Baptiste Clément de Montmartre avait été condamné pour son engagement politique sous L’empire de Napoléon III. Avec le renversement de l’empereur, il a retrouvé sa liberté et s’est engagé dans la Garde nationale. Pendant la Commune a été l’artiste, comme on l’appelait aussi, il a été élu représentant de Montmartre et maire du quartier. Après la défaite de la Commune, il fut condamné à la déportation.
Clément doit surtout sa célébrité à sa chanson D’amour écrite en 1866 Le temps des cerises, qui est devenu L’Hymne de la Commune. Clément le dédie en 1885 » à la Vaillant citoyenne Louise », la citoyenne vigilante Louise Michel (voir ci-dessous).[4]
Dans la chanson chante aussi la merle moqueur, L’oiseau moqueur assis ici sur son bras. Une belle Version allemande de la chanson, chantée pendant la période du tournant allemand, vient de Wolf Biermann: http://www.youtube.com/watch?v=Rv420VhwUWc
Gustave Courbet
Dans une telle exposition, le peintre Gustave Courbet ne doit évidemment pas manquer. Pendant le siège de Paris, il fut chargé par le gouvernement républicain d’organiser la protection des musées, et pendant la Commune, il fut en quelque sorte élu ministre de la culture. En tant que disciple de Proudhon, il s’est particulièrement attaché au principe de L’autonomie administrative et à l’indépendance de l’art de la tutelle de l’état.
Des conséquences désastreuses pour Courbet ont été la destruction de la colonne de la Statue de Napoléon sur la place Vendôme, qui a marqué la victoire de la Grande Armée célébré dans la soi-disant bataille des 3 empereurs près D’Austerlitz contre les Autrichiens et les Russes. Courbet avait certes demandé la suppression de la colonne comme expression de la glorification de la guerre et son transfert dans la Cour de l’Hôtel des Invalides; mais lorsque la Commune décida de la détruire le 12 avril 1871, Courbet n’en était pas encore membre, donc pas impliqué. Malgré cela, après la défaite de la Commune, il fut condamné à supporter les coûts de la reconstruction de la colonne. Comme il n’était pas capable de le faire, il ne lui restait que l’Exil en Suisse, où il mourut.[5]
Gaston Crémieux
L’inclusion de Gaston Crémieux dans l’exposition indique qu’outre la Commune de Paris, il y a eu des mouvements similaires dans d’autres villes de France, notamment à Lyon, Marseille, Toulouse et Saint-Étienne. L’avocat et poète Gaston Crémieux était le représentant de la Commune de Marseille, dont l’objectif était le soutien de la Commune de Paris et une autonomie régionale vis-à-vis du pouvoir central.
Cependant, le mouvement a été renversé après 14 jours. Crémieux a été capturé, mais a pu écrire une pièce de théâtre sur Robbespierre, promise par Victor Hugo, avant son exécution, en référence au chapeau jacobin rouge sur son Revers, et sans doute aussi à la fleur dans le canon, qui figure également dans le canon de Rimbaud dans cette exposition. (cf. u.) Le 30 novembre 1871, Crémieux fut fusillé sur les lèvres avec L’appel « Vive la République ».
Elisabeth Dimitrieff
Elisabeth Dimitrieff avait 19 ans quand elle est venue à Paris pour le compte de Karl Marx, qu’elle a rencontré à Londres en 1870. Issue d’une famille noble russe, elle quitte le pays en raison de son engagement révolutionnaire et devient co-éditrice de la revue en Suisse en 1868 La Cause du peuple. En 1870, elle se rend à Londres où elle rencontre Karl Marx. Il s’intéressait beaucoup aux conditions en France et publia en 1871 un rapport sur la « guerre civile en France ». Il a chargé Dimitrieff d’observer L’évolution sur place. Mais elle ne s’en contentait pas. Pendant la Commune qu’elle considérait comme une étape sur la voie de la révolution mondiale, elle s’est engagée à améliorer les relations de travail: droit au travail, limitation du temps de travail, égalité de rémunération entre hommes et femmes. Avec Nathalie Lemel, elle fonde la Union des femes pour la défense de la ville de Paris et pour la prise en charge des blessés – d’où le brassard de la Croix-Rouge. Dans le Faubourg Saint-Antoine, elle a combattu sur les dernières barricades de la Commune[6], puis retourna d’abord en Suisse, puis en Russie, où ses traces se perdent.
Elisabeth Dimitrieff est décrite comme une personne extrêmement attirante et élégamment habillée – entourée d’une ceinture rouge sur laquelle elle a attaché ses pistolets: apparemment un motif approprié pour une photo souvenir. Au bas de l’image se trouvent les pierres de barricades et un spécimen rouge de « Das Kapital »-une référence à la relation avec Marx.
Jaroslaw Dombrowski/Dabrowski
Jaroslaw Dombrowski est étranger, issu d’une famille noble polonaise et s’engage dans la Commune de Paris-un parallèle avec Elisabeth Dimitrieff. Dombrowski (nom original: Dabrowski), officier dans l’armée russe, avait participé en 1863 à la soi-disant révolte de janvier contre le pouvoir de division russe, qui fut ensanglantée. Condamné au travail forcé, il parvient à s’échapper et arrive en France où il s’engage dans le mouvement ouvrier.
Compte tenu du peu de militaires professionnels et de leur approche internationaliste, la Commune a fait de Dombrowski le commandant en chef de ses combattants. Quelques jours plus tard, les troupes versaillaises parviennent à envahir Paris. Dombrowski était soupçonné par certains de ses camarades d’avoir commis une trahison contre un pot-de-vin. Mais au plus tard à sa mort sur une barricade, ces accusations se sont tues.[7] Dombrowski, vêtu de son uniforme et vêtu d’un drapeau rouge, fut inhumé au Père-Lachaise, où sa tombe ne se trouve plus.
Léo Frankel
Comme Dimitrieff et Dombrowski, Léo Frankel faisait partie de la » faction internationale » de la Commune. Originaire de Hongrie, il est venu en France via L’Allemagne. En tant que membre leader de la Première Internationale s’est-il engagé dans la Commune en particulier dans la Commission de Travail. En tant que » ministre du travail de la Commune », il avait une part importante dans l’abolition du travail de nuit pour les boulangers et dans l’interdiction des retenues salariales des employeurs. Pendant la semaine sanglant, il a été blessé au combat des barricades. Sa bien-aimée, Elisabeth Dimitrieff l’a sauvé et il a pu s’échapper en Suisse. Après L’amnistie, il retourne à Paris où il meurt en 1896. Son corps, d’abord enterré au cimetière du Père-Lachaise, repose désormais dans un cimetière de Budapest.
Nathalie Lemel
Nathalie Lemel était relieuse. En 1861, la Bretonne s’installe à Paris et participe activement aux conflits de travail de sa branche professionnelle, en obtenant l’égalité de rémunération entre les femmes et les hommes.
Pendant la Commune, elle fonda avec Elisabeth Dimitrieff la Union des femmes pour la défense de Paris. Elle s’est engagée en faveur de l’égalité entre les enfants matrimoniaux et illégitimes, de la formation professionnelle reconnue des femmes, de l’égalité générale des salaires entre hommes et femmes et de l’Organisation d’ateliers coopératifs. Le 21 juin 1871, elle est arrêtée et condamnée à la déportation. Avec la Frégate La Virginie elle a été déportée en Nouvelle-Calédonie avec Louise Michel.
Maxime Lisbonne
Fils D’un peintre juif portugais, Maxime Lisbonne a été un marin, un Soldat et un acteur dans sa jeunesse avant de s’engager dans la Commune.
En tant que colonel de la Garde nationale, il a reçu l’épithète D’Artagnan de la Commune. Pendant la semaine sanglant, il fut blessé puis condamné à L’exil. Après L’amnistie, Lisbonne est devenue plus directe du théâtre Bouffes du Nord à Paris, où il a enregistré des pièces de théâtre de Louise Michel et Victor Hugo. L’ordre de Lisbonne était Mohamed Ben Ali – un duo spectaculaire….
Anne-Marie Ménand
Comme beaucoup de femmes célibataires de son temps, Anne-Marie Ménand a traversé la vie avec plusieurs petites occupations. Elle a travaillé entre autres comme cuisinière et vendeuse de journaux, mais aussi comme prostituée. Après la défaite de la Commune, elle fut condamnée à mort en tant que « pétroleuse ». Les Versaillais victorieux les accusèrent d’avoir participé aux incendies de la rue Royale, bien qu’il n’y ait pas eu de témoins. Finalement, la peine a été transformée en travail forcé à vie. Pour purger cette peine, Ménand fut déporté en Guyane. Là, leur trace se perd.
Louise Michel
Le drapeau rouge et L’uniforme bleu de la Garde nationale Louise Michel, probablement la Communarde la plus connue, sont visibles à l’exposition. Votre Portrait est également représenté sur l’affiche choisie comme image de contribution pour le 150e anniversaire de la Commune. Elle est présentée à L’exposition de la place de la Bastille en tant Qu’enseignante, anarchiste, militante pour les droits des femmes et ambulancière (ambulancière) la Garde nationale.
Le 18 mars 1871, Louise Michel était présente lorsque la tentative des Versaillais de s’emparer des canons postés sur la colline de Montmartre échoua. En tant que combattante intrépide, après la défaite de la Commune, le procès lui a été fait, où elle a pleinement reconnu ses positions. Cela impressionna également Victor Hugo, avec qui elle entretenait un échange de lettres détaillé et qui lui donna le poème, également écrit Viro Major consacré. Louise Michel a été exilée en Nouvelle-Calédonie et s’y est engagée – de manière exceptionnelle à l’époque-pour les droits des Autochtones.
Le 11 août, un grand Portrait de Louise Michel, peint par Henri Marquet, était accroché à l’entrée de L’Église du Sacré-Cœur (7a)- dans un lieu riche en relations, c’est-à-dire parce que cette église avait été érigée en expiation pour les crimes (supposés) de la Commune.
Nadar / Félix Tournachon
L’image de Félix Tournachon, plus connu sous son nom de scène Nadar, est dotée de deux attributs: un appareil photo et un ballon D’attache avec L’inscription: Vive la Commune!
En effet, en plus de son activité de caricaturiste, Nadar fut un important photographe qui, à partir de 1854, dépeint une multitude de personnalités contemporaines: Baudelaire, Berlioz, Courbet, Dumas, Victor Hugo, Émile Zola, Franz Liszt, Rossini, Jules Verne, Richard Wagner-pour n’en nommer que quelques – uns. Mais sa passion particulière était le voyage en montgolfière, qu’il utilisait aussi pour son travail de Photographe: les premières photographies aériennes jamais réalisées sont de lui.
Lithographie D’Honoré Daumier 1863[8]
Pendant le siège de Paris, Nadar fut le cofondateur d’une entreprise de montgolfière: ses Ballons servaient principalement à la reconnaissance militaire et au Transport du courrier de la Ville assiégée. A Bord d’un de ses Ballons, le ministre de l’intérieur Léon Gambetta quitta la ville dans une action spectaculaire le 7 octobre 1870 pour organiser la résistance contre les troupes allemandes.
Nadar a également fourni ses Ballons à la Commune, par exemple pour déposer des tracts au – dessus des lignes ennemies et améliorer l’approvisionnement de la ville enfermée par les troupes de Versailles-un Engagement qui a entraîné la ruine économique de Nadar.
Élie Reclus
Elisée Reclus était un géographe important, mais en même temps un anarchiste engagé à vie. Pour lui, l’Anarchie était L’expression de L’humanité et de la solidarité universelle; elle devait signifier la fin de la guerre, de la misère et de la domination des hommes sur les hommes. Pendant le siège de Paris, Reclus se tourna vers Nadar, qui l’embarqua dans son Bataillon de montgolfières, dont il devint un ami proche. Ses connaissances géographiques ont mis Reclus au service de la défense de Paris et de la Commune. En avril 1871, il est fait prisonnier par les Versaillais qui le condamnent à la déportation en Nouvelle-Calédonie. Après une campagne de solidarité internationale menée par des scientifiques, dont Charles Darwin, la peine a été transformée en bannissement de dix ans. À partir de 1876, Reclus publia ses 20 volumes Nouvelle Géographie universelle qui est devenu un standard international.
Arthur Rimbaud
Il est controversé de savoir si le jeune Rimbaud était à Paris à l’époque de la Commune. Mais il est clair que » le jeune vagabond » S’y trouvait de fin février à début mars. Dans le texte accompagnant l’exposition, on peut lire: « selon la légende, Rimbaud est rentré à Paris et s’est engagé auprès des Tirailleurs de la Révolution engagé. Le mythe? Vérité? En tout cas, on sait que le Paris insurrectionnel qu’il a célébré dans ses vers l’a enthousiasmé.“ Et on sait aussi combien il détestait l’horreur de la Semaine sanglant et la victoire de la Contre-Révolution.[9]
L’image de l’exposition laisse ouverte, que l’on parle ici de présence réelle ou de proximité spirituelle: Rimbaud en uniforme de la Garde nationale, le fusil avec une baïonnette plantée dans les mains. La fleur dans le canon du fusil et les plumes dans la poche contournée le distinguent-et sans aucun doute – comme un écrivain.
Louis Rossel
Louis Rossel est le seul officier supérieur de l’armée française à rejoindre la Commune de paris en 1871. Le tournant fut pour lui la reddition de L’armée du Rhin enfermée à Metz sous le maréchal Bazaine. Rossel se joignit alors à ceux qui voulaient continuer la lutte, d’abord à la nouvelle 3ème République, puis à la Commune. Quand on lui a demandé les raisons, il a répondu:
« Par haine de ceux qui ont livré ma patrie, par haine de l’ancien ordre social, j’ai trouvé ma place sous le drapeau des ouvriers de Paris ».
En raison de ses grandes capacités militaires, Rossel devient chef D’état-major général de la Commune début avril et fin avril délégué à la Guerre, donc, en quelque sorte, Ministre de la guerre. Cependant, il démissionne quelques jours plus tard, car il ne voit aucune perspective de placer les troupes peu disciplinées et entraînées de la Commune dans la préparation au combat indispensable face à la menace des Versaillais. Il est alors arrêté par la Commune, mais avec l’aide d’amis, il peut s’échapper et se cacher à Paris. Début juin, il est capturé par les Versaillais. Le premier ministre Thiers lui propose L’Exil, ce que Rossel refuse. C’est ainsi qu’il est abattu le 28 novembre.
Jules Vallès
Jules Vallès a été, dès sa jeunesse, un fervent partisan du socialisme, en particulier des idées de Proudhon. En janvier 1871, il fait partie des quatre auteurs de la célèbre affiche rouge « Affiche rouge » qui se termine par L’appel: « Place au peuple, Place à la Commune!“.[10]
Dans L’exposition, Vallès est représenté avec le dépliant rouge sous le bras gauche et le journal qu’il a fondé « le Cri du Peuple » dans la main droite. Elle est parue en 83 numéros entre le 22 février et le 23 Mai 1871 et a été éditée à 100 000 exemplaires en même temps que le Père Duchêne L’organe de presse le plus répandu de la période Commune. Vallès s’engage également directement dans la Commune où il représente le 15e Arrondissement en tant que député. Il faisait partie-tout comme Courbet – de la minorité qui détenait des pouvoirs dictatoriaux pour le comité de Salut public ont refusé.
En Semaine sanglant, Vallès pouvait se cacher et S’exiler à Londres. Après L’amnistie, il retourna à Paris et laissa le Cri du Peuple ressusciter.
Charles Delescluze
Contrairement à L’ordre alphabétique, Charles Delescluze se trouve à la fin de ce survol: après tout, il est aussi la dernière personne présentée dans l’exposition – peut-être parce que sa mort se trouve sur une barricade à la fin de la Commune, incarnant son ambition de sombrer héroïquement.[11]
Delescluze était journaliste et militant socialiste, qui joua un rôle important dans les révolutions de 1830 et 1848. Arrêté à plusieurs reprises et condamné à des peines D’argent et de prison (notamment à Cayenne), il s’engage à nouveau dans la Commune. En tant que représentant du 11ème Arrondissement – il y a une rue qui porte son nom depuis 1924 – il a été un membre influent de la Conseil de la Commune et à partir du 9 Mai Comité de Salut public, rejeté comme dictatorial par les communards fédérés autour de Vallès et Courbet. Face à la menace grandissante des Versaillais, les tensions idéologiques au sein de la Commune sont devenues évidentes.
Le 21 Mai, lors de L’entrée des troupes contre-révolutionnaires, Delescluze lança un appel qui se termina par les mots:
« Place au Peuple, aux combattants, aux bras nus! L’heure de la guerre révolutionnaire a sonné!“ – un appel qui peut ou doit être considéré comme critique. En effet, il a favorisé l’Opposition d’une force peu structurée à ses officiers et une fragmentation de la défense. Une stratégie unifiée a ainsi été empêchée. [12]
Mais cette guerre révolutionnaire n’eut pas lieu: la commune fut ensanglantée à la semaine sanglant. Delescluze, qui ne voulait pas tomber entre les mains des Versaillais, chercha et trouva la mort sur une barricade. Celle-ci est illustrée dans l’image de l’exposition par les pierres à ses pieds. Debout, Delescluze attend et salue sa mort…. C’est avec ce Geste héroïque que se termine l’exposition.
(Pour le tombeau de Delescluzes au Père Lachaise, voir L’article de Blog: la guerre civile en France. Une visite du cimetière du Père-Lachaise sur les traces de la Commune de Paris).
Voici les derniers Portraits de l’Exposition – Delescluze à l’extrême droite. Parmi eux, des sans-abri se sont installés un camp….
Le texte accompagnant L’image de Delescluzes ne mentionne toutefois pas son rôle problématique de « ministre de la guerre » dans les derniers jours de la Commune. Il demanda en effet de tirer sur tous les otages détenus par la Commune et, avant le retrait, de mettre le feu à des bâtiments publics symboliquement chargés (Château des Tuileries, Mairie de Paris, bâtiment de la Cour des comptes, Légion d’honneur à L’Hôtel de Salm, etc.). Le fait que cela n’ait pas été pris en compte dans l’exposition correspond à une tendance générale à ignorer ou à « brouiller »d’éventuels sujets et aspects controversés.[13] Dans le cas de Delescluze, l’exposition n’est pas seule: son rôle dans la prise d’otages, très controversée dans la Commune, et dans la mise à feu, également controversée –d’autant plus inutile militairement – de bâtiments publics, est mentionné dans la version allemande et anglaise, mais pas dans la version française de L’article Delescluze de Wikipédia. [14] Peut-être une indication de la charge idéologique qui pèse encore aujourd’hui sur les relations avec la Commune en France.[15]
Il y a un autre article de Blog sur le thème de la commune de Paris:
La guerre Civile en France, 1871. Une Visite au Cimetière du Père Lachaise, à Paris, sur les Traces de la Commune.
Remarques
[1] Voir: La Commune, à l’assaut du ciel. L’insurrection du peuple de Paris pour une République sociale. Histoire, lieu de mémoire et figures de la Commune de Paris dans le 11e arrondissement. Édité par la Mairie du 11e. Paris. Le titre de cette brochure officielle met en évidence une certaine exagération et idéalisation de la Commune: après tout, ce n’est pas le « peuple de Paris » dans son ensemble qui a contribué à la Commune. Et malgré l’indéniable progressisme et la clairvoyance révolutionnaire de la Commune, il y a aussi des pages sombres qui ne sont pas prises en compte dans cette brochure et dans l’exposition.
[2] Le lien entre la main gauche de Ben Ali fait référence à un tableau de Jules Monge représentant le Turco Ben-Kadour, qui continue à se battre pendant la guerre franco-allemande malgré sa blessure au bras. https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:Le_turco_Ben-Kadour_%C3%A0_Lorcy.jpg
[3] iImage: https://artuk.org/discover/artworks/a-rat-seller-during-the-siege-of-paris-71634
[4] Pour en savoir plus sur Clément, voir L’article de Blog: https://paris-blog.org/2016/08/13/der-buergerkrieg-in-frankreich-1871-ein-rundgang-auf-dem-friedhof-pere-lachaise-in-paris-auf-den-spuren-der-commune/
[5] Sur L’histoire de la colonne Vendôme et le rôle de Courbet dans la Commune, Voir les deux articles de Blog:
[6] Sur le révolutionnaire Faubourg Saint Antoine voir L’article de Blog: https://paris-blog.org/2016/04/06/der-faubourg-saint-antoine-teil-2-das-viertel-der-revolutionaere/
[7] Le texte de l’exposition ne précise pas que Dombrowski a été soupçonné d’être un traître. Cela correspond à une certaine tendance à passer plutôt à L’ombre de la Commune.
[7] Photo de LP / Christine Henry de Le Parisien du 11 août 2021
[8] Image: https://fr.wikipedia.org/wiki/Nadar#/media/Fichier:Brooklyn_Museum_-_Nadar_%C3%89levant_la_Photographie_%C3%A0_la_Hauteur_de_l’Art_-_Honor%C3%A9_Daumier.jpg
[9] Voir: Frédéric Thomas, Rimbaud à l’heure de la Commune de Paris. Dans: Libération 12 avril 2021 https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/rimbaud-a-lheure-de-la-commune-de-paris-20210412_4R7DGS5YQVHDRA77DI7JANC2WA/ ;; Steve Murphy, Rimbaud et la Commune. Garnier 2010; Daniel A. De Graaf, Rimbaud et la Commune. Revue belge de Philologie et d’Histoire. (1952) https://www.persee.fr/doc/rbph_0035-0818_1952_num_30_1_2132
[10] Voir: https://ahavparis.com/laffiche-rouge-du-7-janvier-1871/
[11] Voir François Jourde, la Mort de Delescluze: « la Révolution voulut mourir héroïque et tomber ensevelie dans les plis de son drapeau.“
https://fr.wikisource.org/wiki/Souvenirs_d%E2%80%99un_membre_de_la_Commune/La_Mort_de_Delescluze
[12] « c’est engager une opposition contre les officiers et un morcellement de la défense. Cela ne fait que renforcer l’esprit de quartier et les formes locales de combat, empechant ainsi toute vue d’ensemble.“ https://www.commune1871.org/la-commune-de-paris/histoire-de-la-commune/illustres-communards/535-charles-delescluze
[13] Voir Aussi Note 1. dans la brochure du 11e Arrondissement, Delescluze est largement appréciée pour son rôle dans le Comité de salut public mais pas non plus.
Le texte accompagnant l’exposition à la (supposée) péroleuse Anne-Marie Ménard mentionne les incendies de bâtiments officiels de la semaine sanglant qu’on sait aujourd’hui que les bombes des Versaillais ont causé la majorité des incendies ou Qu’elles ont été le résultat d’un « choix stratégique » de la Garde nationale….
[14] Dans la présentation par la Mairie de cet arrondissement particulièrement important pour l’époque de la Commune des « figures emblématiques » du 11e arrondissement, le rôle de Delescluze dans Comité de Salut public non mentionné.
https://mairie11.paris.fr/pages/les-150-ans-de-la-commune-les-figures-emblematiques-du-11e-17344
[15] Cela est devenu évident à nouveau à la suite d’une procession de catholiques en L’honneur des otages fusillés pendant la Commune:
Voir: https://www.leparisien.fr/paris-75/a-mort-les-fachos-a-paris-une-procession-catholique-attaquee-30-05-2021-O5VRLYJHABG6ND2KTOETUBOFVY.php « A mort les fachos »: à Paris, une procession catholique attaquée Des pèlerins qui demandent ce samedi en hommage aux ecclésiastiques vus 150 ans rue Haxo (20e arrondissement) durant la Commune ont été agressés et certains blessés, selon le service d’ordre, par des groupes d’extrême gauche. Le diocèse va porter plainte.
En particulier de la part des droits politiques, cet incident a été naturellement mis en évidence en conséquence. Voir: https://www.lefigaro.fr/paris-une-procession-en-memoire-des-martyrs-catholiques-de-la-commune-attaquee-par-des-antifas-20210530
Autres contributions prévues:
Le vieux chêne (le Gros Chêne) D’Allouville-Bellefosse en Normandie. Un article invité de Zora del Buono
La statue équestre D’Henri IV sur le Pont Neuf
Le panthéon des grands hommes (et des moins grands) et des quelques grandes femmes, partie 2: le culte des grands hommes
Le Musée De La Ville De Paris musée Carnavalet rouvert après des années de rénovation: premières impressions