L’exposition « La Marseillaise » est une coproduction de trois musées: Musée de la Révolution française à Vizille, des Musée D’histoire de Marseille et du Musée Historique de la Ville de Strasbourg.
L’exposition sera présentée au musée D’art moderne et contemporain (MAMCS) de Strasbourg du 5 novembre 2021 au 20 février 2022, puis à Marseille du 18 mars au 3 juillet 2022.
Sur l’affiche et à l’entrée de l’exposition au MAMCS est représenté le génie de la patrie. C’est l’image d’une femme farouchement déterminée et combative, la bouche ouverte au cri, un bonnet phrygien révolutionnaire et un coq agressif comme coiffe: une allégorie de la patrie menacée et victorieuse par ses ennemis. Il S’agit de L’illustration d’une réplique en plâtre réalisée en 1898 par Jean Pouzadoux pour la Cité de L’Architecture de Paris.
L’Original sous-jacent à la réplique en plâtre est la sculpture monumentale de François Rude « extrait des volontaires de 1792 », également appelée « La Marseillaise ».[1] Il est situé sur le côté est de L’Arc de triomphe de l’Étoile à Paris, face aux Champs – Elysées.
Cet immense arc de Triomphe, le plus grand au monde, conçu par Napoléon et commencé sous l’Empire, fut achevé en 1836 sous le règne du « roi bourgeois » Louis Philippe. Il devait manifester la légitimité du roi par la double référence à L’empire de Napoléon et à la Révolution française. Dans ce contexte, il faut expliquer la place de la « Marseillaise » sur l’Arc de Triomphe.[2]
La Marseillaise est née en avril 1792. le 20 avril, la France révolutionnaire avait déclaré la guerre au « roi de Bohême et de Hongrie », C’est-à-dire à l’empereur d’Autriche. La déclaration de guerre a été proclamée le 24 avril à Strasbourg, importante ville de garnison. Ce jour-là, il avait été aux sons de Ça ira et le Carmagnole donné un mouvement officiel à travers la ville. Le maire de Strasbourg, le baron libéral de Dietrich, et ses amis de la bourgeoisie aisée de la ville, tous patriotes modérés favorables à la Révolution, ont trouvé ces chants populaires abondamment vulgaires. Ainsi, le 25 avril, au nom de la « Société des amis de la constitution de Strasbourg », ils ont lancé un appel à tous leurs concitoyens, « d’un Ton beaucoup plus noble ».:
« Aux Armes, Citoyens! Nous avons déroulé le drapeau de la guerre. …. Il faut se battre, gagner ou mourir. … Comme ces despotes couronnés tremblent déjà … se précipitent vers la victoire … en avant, en avant! Nous voulons rester libres jusqu’au dernier souffle…“
Dans le même temps, Dietrich chargea le chef d’orchestre ambitieux, Rouget de Lisle, comme lui un adversaire des Jacobins radicaux strasbourgeois, de composer une chanson qui correspondrait mieux aux circonstances particulières de l’époque que la musique. Ça ira et le Carmagnole . Ainsi, dans la nuit du 25 au 26 Avril, alors que les paroles de la Marseillaise étaient déjà sur toutes les lèvres, est née la chanson de guerre destinée à l’armée du Rhin. [3]
Stefan Zweig résume cela dans ses « heures étoilées de L’humanité ».:
« Une nuit, le capitaine Rouget de Lisle a le droit d’être le frère des immortels: à partir des appels repris, détournés de la route, des journaux, il se forme une parole créatrice et monte vers une Strophe aussi impérissable que la mélodie immortelle dans sa formulation poétique.
Amour sacré de la patrie,
Conduits, soutiens nos bras vengeurs,
Liberté, liberté chérie,
Combats avec tes défenseurs.“
Ce tableau réalisé 57 ans plus tard, au centre de l’exposition, représente Rouget de Lisle, qui interprète pour la première fois son chant de guerre dans le Salon du maire. De Lisle est vêtue des couleurs tricolores et postée avec effet devant un Paravent blanc.
Le maire Dietrich, assis dans le fauteuil, écoute attentivement, une jeune femme-peut – être la fille de Dietrich-accompagne au Piano, une autre essuie des larmes D’émotion avec un chiffon. Cela correspond à la représentation de Lamartine dans son « histoire des Girondins » de 1847, dans laquelle il écrivait: « l’une des jeunes filles accompagnait. Rouget a chanté. Au premier couplet, les visages pâlissent, au second, les larmes coulent.“[4]
L’image a été copiée et reproduite à plusieurs reprises et a durablement marqué l’idée populaire de la création de la Marseillaise. Cependant, les faits historiques étaient quelque peu différents. En effet, la chanson a été chantée pour la première fois par Dietrich lui-même, qui s’en est immédiatement enthousiasmé et – avec sa femme-a encouragé sa diffusion. Mais cela ne l’aida pas: à L’époque de la terreur jacobine, partisan d’une Monarchie constitutionnelle, il fut arrêté à L’initiative de Robespierre et guillotiné à Paris le 29 décembre 1793. [5]
Les six strophes de la chanson sont d’abord une » chanson de guerre, qui a une netteté et une férocité parfois même appelée assoiffé de sang ils ont été désignés comme capables d’exprimer le patriotisme D’une Nation dans la lutte“. Cela est particulièrement évident dans le Refrain:
Aux armes, citoyens,
Formez vos bataillons,
Marchons, marchons !
Qu’un sang impur
Abreuve nos sillons !
Notre Champ! [6]
La chanson était destinée à l’armée du Rhin stationnée dans le Palatinat et L’Alsace, alors commandée par Nicolas Luckner. Luckner était originaire de Bavière, avait servi pendant la guerre de sept ans sous le roi de Prusse Frédéric II et avait ensuite rejoint les services français. Dernier général, il avait été élevé au rang de maréchal sous l’Ancien Régime, mais avait salué les idées de la révolution. De Lisle lui dédie son chant de guerre.
Le chant de guerre pour l’armée du Rhin, C’est-à-dire une « Strasbourgeoise », est devenu Marseillaise, grâce à un Bataillon de volontaires marseillais qui, en juillet 1792, marchèrent à Paris pour défendre la patrie contre les ennemis intérieurs et extérieurs.
Dans toutes les stations de son chemin vers le nord, le chant commun de la chanson de Rouget de Lisle faisait partie du programme de la troupe. À Paris, le 30 juillet, ils ont d’abord été reçus au faubourg Saint-Antoine révolutionnaire, puis accompagnés dans le cortège triomphal jusqu’à la mairie. Les jours qui suivirent, des membres du bataillon se présentèrent à plusieurs reprises à Paris, demandèrent la destitution du roi et chantèrent à plusieurs reprises leur chanson de marche en tant que « nouveaux bardes », comme on les appelait. Ils ont également participé à l’assaut du château royal des Tuileries, le 10 août, qui a conduit à la déposition et à la capture de Louis XVI.
Jacques Bertaux, la pincée des Tuileries, 1793[7]
La tempête sur les Tuileries défendues par les gardes suisses s’est terminée par un carnage sanglant accompagné des sons de la Marseillaise, le « massacre des gardes suisses ». Des prisonniers ou des Suisses ont été sauvagement assassinés. « Ce jour-là, j’ai vu ce que sont les barbares », se souviendra plus tard Napoléon, témoin oculaire à l’époque, qui en déduit la conséquence d’une certaine manière d’apprivoiser la fureur révolutionnaire.[8]
Avec cette seconde révolution (Albert Soboul), le chant de guerre de l’armée du Rhin est devenu un chant révolutionnaire, l ‘ « Hymne des Marseillais ». Ce N’était plus le chant des révolutionnaires modérés et des représentants de la Monarchie constitutionnelle autour de Rouget de Lisle et Dietrich, mais L’Hymne de la Nation et de la République combative.
Sur proposition du ministre de la guerre, cet Hymne fut chanté par les troupes du général Kellermann au lieu du traditionnel « Te Deum » pour célébrer la victoire de L’armée révolutionnaire à Valmy le 20 septembre 1792. Et lors de la conquête de la Belgique en novembre 1792, comme Michelet l’écrivit plus tard, la Marseillaise remplaça l’alcool – ce qui ne l’empêcha pas d’appeler la Marseillaise « un chant de fraternité » qui garderait l’esprit de paix pendant la guerre.[9] La Marseillaise était, comme L’écrit Vovelle, » le chant de L’attaque de masse profondément échelonnée de soldats qui ont remplacé leur manque d’expérience par de l’enthousiasme.“[10]
Dans le pays, La Marseillaise jouissait également de la plus grande diffusion et de la plus grande popularité. Le 4 septembre 1792, André Gréty écrit à Rouget de Lisle: « ses versets des Marseillais, Allons, enfants de la patrie sont chantés à tous les événements et dans tous les coins de Paris. La mélodie est bien reçue par tout le monde, car on l’entend tous les jours par de bons chanteurs“.[11]
Et même dans le cercle intime de la maison, des chants patriotiques-et certainement aussi la Marseillaise – ont été entonnés, comme le montre cette image des « chanteurs patriotiques ». Il est chanté de la gorge pleine, la femme a mis sa main sur le cœur, le chanteur à droite porte la partition pointant vers le ciel fermement enfermée dans sa droite.
La popularité de la Marseillaise à l’époque dans les cercles de la « meilleure société » montre aussi cet éventail de 1793, qui combine pensée révolutionnaire et pensée maçonnique.[12] Gauche est L’Éternel des Français voir L’adoration d’un symbole maçonnique-à l’origine une impression de Benoît-Louis Prévost; à droite Le Cauchemar des Aristocrates, une femme effondrée comme personnification de l’aristocratie éliminée.
De l’autre côté du ventilateur est le Marche des Marseillais avec des notes et ses six strophes.[13]
Le 26 Messiodor de L’an III de la Révolution, le 14 juillet 1795, la Convention nationale décrète que l ‘ « Hymne des Marseillais », désormais appelé « Hymne de la République », devrait être joué lors de la relève quotidienne de la garde au Palais-National. C’était le prélude à la désignation officielle de la Marseillaise comme « chant national français », effectuée le 14 février 1879. “[14]
Jusque-là, cependant, il était encore un long chemin. Napoléon n’aimait pas l’Hymne. Elle lui rappela trop le massacre des gardes suisses commis lors de l’assaut des Tuileries du 10 août 1792. Le chant de la Marseillaise n’était pas interdit, mais sous son règne[15] et Napoléon, même lors de la transition tragique sur la Bérézina, aurait lui-même chanté la chanson pour donner du courage aux troupes.
Mais à l’époque de la Restauration, du règne des Bourbons, la Marseillaise était purement et simplement interdite et on essayait de la faire sombrer dans l’oubli. Pour Rouget de Lisle, L’Empire et la Restauration, auxquels il S’opposait, étaient des temps terribles, marqués par la maladie, la pauvreté et le désespoir. C’est aussi un Geste philanthropique que le sculpteur David d’Angers, également critique des Bourbons, réalise en 1827 un médaillon grand format et un buste de Rouget de Lisle, tous deux souscrits avec une date de vente en juin 1830.[16]
David d’Angers, dessin pour le médaillon Rouget de Lisles. 1827
Un mois plus tard, lors des « trois jours glorieux » de la révolution de juillet 1830, La Marseillaise fut chantée sur les barricades et le règne des Bourbons fut définitivement mis fin.
Pression pour célébrer les trois jours de la révolution de juillet. La Marseillaise, 27, 28 et 29 juillet 1830 (Image)
Et Le Rouget de Lisle, appauvri, reçut du nouveau « roi des citoyens » une Pension-quoique modeste – qu’il ne put cependant pas profiter longtemps: de Lisle mourut en 1836. Cependant, la Renaissance révolutionnaire de sa Marseillaise désormais instrumentée par le compositeur Charles Gounot était déjà terminée. Depuis 1835, l’Hymne des Marseillais est à nouveau considéré comme un chant séditieux. Après tout, Rude a pu terminer son groupe de sculptures de L’ascension des volontaires de 1792 à L’Arc de Triomphe, qui fait clairement référence à la Marseillaise.
L’autre destin de la Marseillaise est un haut et un bas: elle fut de nouveau célébrée comme une chanson de guerre agressive à L’époque des révoltes nationalistes et chauvinistes comme en 1840, puis chantée comme Hymne de la liberté comme lors de la révolution de 1848 ou condamnée au silence comme dans le second empire de Napoléon III de 1852 à 1870. pendant la Commune de Paris de 1871, elle retentit comme chanson de la liberté et guerrière pendant la guerre franco-allemande de 1870/71-impérial sur les champs de bataille de Gravelotte, Rezonville et Mars-la-tour[17]. Lors du retrait de la Garnison de Sedan battue, elle fut même entonnée par la musique militaire prussienne: expression moqueuse du triomphe et de l’humiliation de l’adversaire, qui culminèrent alors dans le couronnement impérial dans la salle des miroirs de Versailles.
Sous la Troisième République, mais seulement après la défaite des forces réactionnaires, vint la grande Heure de la Marseillaise: le 14 février 1879, la Chambre des députés lui accorda officiellement le statut d’hymne national. Elle fut ainsi confisquée par la bourgeoisie de la Troisième République au mariage du nationalisme et de l’impérialisme, mais aussi banalisée comme chanson officielle pour toutes les occasions.
Cela s’accompagnait d’une vénération généralisée de Rouget de Lisles. Ici, on le voit chanter « sa » Marseillaise avec des soldats de la République.
Cette représentation fait partie d’un grand panorama réalisé pour L’Exposition universelle de Paris de 1889. Cette exposition universelle, à laquelle la Tour Eiffel doit aussi sa création, a marqué le centenaire de la Révolution française. Anniversaire de la Révolution Française. Pour L’occasion, un grand rond-point a été construit dans le Jardin des Tuileries, sur les murs duquel sont exposés 100 ans d’histoire française depuis 1789. Et bien sûr, Rouget de Lisle a été repris ici comme ailleurs en tant que républicain. Le Panorama a été vu de 1889 à 1896, après quoi il a été découpé en morceaux et vendu au profit des actionnaires qui avaient financé ce projet commercial.
Sur plusieurs exemples, l’exposition montre comment la Marseillaise a été utilisée et reçue au cours de l’histoire. Voici une affiche du film de Jean Renoir, tourné à l’époque du Front populaire français pour le compte du syndicat communiste CGT. La première représentation eut lieu le 10 février 1938.
Pour le leader socialiste Jean Jaurès encore en 1903, la International « le successeur prolétarien de la Marseillaise »[18] ainsi, sous le signe du Front populaire, les communistes ont voté Marseillaise et International sur un pied d’égalité.[19] L’une des brigades internationales de la guerre civile espagnole portait le nom de « la Marseillaise ».
Dans L’État Français de Vichy, le gouvernement français de la grâce D’Hitler, La Marseillaise a été régulièrement et intensivement observée lors d’occasions officielles à côté ou avant le Maréchal, nous voilà votée. Dès que Pétain annonça, le 17 Juin 1940, l’armistice, C’est – à-dire la reddition au Troisième Reich, le discours se termina par la lecture de la Marseillaise; pour certains auditeurs, un sacrilège-une « Marseillaise boche ». [20]
C’est un appel du gouvernement de Vichy à la formation d’une légion française pour combattre du côté du Troisième Reich « contre le bolchevisme, pour la France, pour l’Europe ». (Juin – décembre 1942) il est à noter que pour cette tentative de courte durée, non seulement la Marseillaise de l’Arc de triomphe, mais aussi l’aigle napoléonien et le lys des Bourbons, ainsi que la couronne, furent retenus.
Mais, bien sûr, cela s’est également référé à France Libre, de Gaulles à la Marseillaise.
Les déportés chantent la Marseillaise à leur libération du camp de concentration de Dachau. (Fin Avril / Début Mai 1945)
Il s’agit d’une affiche de propagande de l’OEA (Organisation de l’Armée Secrète) de 1961. l’OEA d’extrême droite a tenté par des moyens militaires d’empêcher le détachement de l’Algérie de la patrie. L’appel à prendre les armes a été la réponse aux négociations entre la France et le mouvement indépendantiste algérien FLN à Evian qui ont abouti à L’indépendance en 1962. La Marseillaise a été utilisée par l’OEA pour perpétuer le colonialisme. En 2017, juste avant son élection à la présidence de la France, Emmanuel Macron avait d’ailleurs dénoncé-avec une vive opposition – un « crime contre l’humanité » lors d’une visite en Algérie.…
Aujourd’hui, l’hymne national, avec son histoire mouvementée, ses multiples dimensions et ses différents usages et abus, fait partie de ce qui constitue l’identité française. La Marseillaise aussi sa place légitime dans la collection de Pierre Nora des « lieux de mémoire de la France ». Lors des manifestations qui ont suivi l’attentat islamiste contre le magazine Charlie Hebdo à Paris, elle a réaffirmé avec force son importance identitaire. Nous étions alors de L’appel spontané de la Marseillaise très impressionné par le manifestant. En Allemagne, de telles manifestations sont difficiles à imaginer…. [22]
Mais il y a encore des voix critiques à l’hymne national français. La plus évidente et la plus importante est sans doute celle de L’ancien président Giscard d’Estaing. Durant sa présidence, celui-ci a ralenti le rythme auquel la Marseillaise était alors jouée, afin d’atténuer ainsi son caractère militaro-maréchal.[23] Et après son mandat, il n’a même pas hésité à qualifier le texte de la Marseillaise de ridicule. Alors que son successeur Nicolas Sarkozy et Angela Merkel se promènent sous L’Arc de triomphe, « nous trempons nos champs de sang impur… »[24] C’est presque un Sacrilège!
Mais un véritable sacrilège a été la prise d’assaut de l’Arc de triomphe par les gilets jaunes le 1er décembre 2018, la dévastation de son intérieur et la dégradation d’une coulée de la Marseillaise, la sculpture de Rude, l’une des dernières illustrations de l’exposition.
L’exposition comprend également deux cabinets: l’un présente des extraits de différents films dans lesquels la Marseillaise joue un rôle, par exemple la scène dans Casablanca où, dans un Café avec la Marseillaise, un groupe d’officiers allemands est noyé. Dans l’autre cabinet, il y a des auditions de morceaux de musique avec des citations marseillaises. Les sonorités de la Ballade de Heinrich Heine sont également proposées Les deux Grenadiers par Richard Wagner et Robert Schumann. Dans le poème de 1822 de Heine, admirateur de Napoléon, il s’agit de deux soldats de la Grande armée qui reviennent de Russie battus et qui reçoivent et pleurent la nouvelle de la capture de leur empereur. Schumann a partagé L’enthousiasme de Heine pour Napoléon en tant que jeune homme: La magnifique Napoléon soyez le plus grand Homme de tous les Siècles.[25] La musique de Schumann est née en 1838 en réponse à la nouvelle du rapatriement des dépouilles de Napoléon de Sainte-Hélène en France; Wagner a écrit sa chanson deux ans plus tard en traduction française pendant son séjour à Paris et sa tentative de S’y implanter musicalement. Les citations de la Marseillaise s’offraient là carrément, mais les deux sont incorporées de différentes manières dans la composition.[26]
Du point de vue allemand, il est toutefois dommage que la chanson de Ferdinand Freiligrath « Frisch auf zur Weise von Marseille » n’ait pas été incluse dans la collection D’exemples. Freiligrath fut L’un des poètes du Vormärz allemand et fut profondément déçu par la répression de la révolution de 1848. « Le 19 mars 1849 a eu lieu à Cologne un banquet commémorant les combats de barricades de Berlin de mars 1848. Organisé par Association démocratique et ouvrière de Cologne plus de 5.000 personnes ont participé à cette célébration à Gürzenich. Dans les discours, la bière et la musique a été là-comme Le Gardien du Rhin rapporté – le désir d’une deuxième enquête populaire exprimé. Pour cette célébration, Ferdinand Freiligrath (1810-1876) avait un nouveau texte sur Marseillaise rédigé en accord avec l’esprit révolutionnaire de l’événement et rédigé par les participants accueilli avec des applaudissements tonitruants (Neue Rheinische Zeitung). L’utilisation démonstrative des symboles de la Révolution française a été pratiquée à d’autres niveaux lors de cette cérémonie: les classeurs de la salle portaient par exemple des chapeaux de Phrygiens et ce costume jacobin ornait la scène en plus d’un grand drapeau rouge (Neue Kölnische Zeitung). C’est dans ce cadre que la première représentation de la chanson de Freiligrath a eu lieu avec un large public, et peu de temps après elle est apparue dans les magazines des cercles d’opposition en Rhénanie.“[27]
L’exposition comprend un catalogue détaillé qui, outre l’histoire de la Marseillaise et son évolution vers L’hymne national français, traite en détail de son rayonnement international (Belgique, Pologne, Grande-Bretagne, Espagne, Indochine, Amérique latine, Chine, etc. )
Le Catalogue de l’exposition présente également un regard comparatif sur d’autres hymnes nationaux[28], principalement à l’anglais (God save The King), L’Hymne impérial autrichien (Dieu reçoit François L’empereur) et l’américain (Star-Spangled Banner). Ici, on se réfère plutôt par hasard à la chanson de L’Allemagne, qui, après la Première Guerre mondiale, Salut dans la couronne des vainqueurs comme hymne national. Il y a aussi la note que la chanson allemande sous sa première ligne L’Allemagne avant tout soit connu et le texte 1841 du « poète nationaliste Hoffmann von Fallersleben« a été écrit. Je trouve cette représentation extrêmement raccourcie et incompréhensible. Hoffmann von Fallersleben était un démocrate, et sa demande de Unité et Justice et Liberté pour la Patrie allemande était révolutionnaire à son époque du Vormars, c’est-à-dire avant 1848. Fallersleben a donc également reçu une interdiction professionnelle et a été poussé à L’Exil. Même si la chanson de L’Allemagne a ensuite été maltraitée de manière nationaliste: C’est une déclaration D’amour à son propre pays et il n’est pas nécessaire de se cacher derrière la Marseillaise ensanglantée-et comme souvent abusée -.
Lieux de mémoire de Rouget de Lisle et de la Marseillaise à Strasbourg
Dans la Grande Rue à Strasbourg, il y a une plaque sur la maison où Rouget de Lisle a chanté, dans la nuit du 25 au 26 avril 1792, le chant de guerre pour l’armée du Rhin, la plus tardive Marseillaise composé.
Une autre plaque figure sur le bâtiment de la Banque de France (Place Brogie numéro 3). On y trouvait autrefois le palais municipal du maire Dietrich, où, selon la tradition, Rouget de Lisle chantait pour la première fois la Marseillaise le 26 avril 1792.
Des Médaillons du maire Dietrich et du Rouget de Lisle sont également apposés sur le mur de la maison. Après tout, Dietrich a été réhabilité à titre posthume par la Convention nationale en 1795.[29]
Les médaillons proviennent d’un monument strasbourgeois à la Marseillaise, dédié à la 130e année de naissance de la Marseillaise. Chant de guerre pour l’armée du Rhin il a été inauguré le 14 juillet 1922, avec une grande participation publique devant l’entrée de l’hôtel de ville sur la Place Broglie.
Cependant, lors de la fête nationale française de 1940, les occupants allemands détruisirent le monument. Seuls les deux médaillons montés sur le socle avec les contre-glaces de Rouget de Lisle et de l’ancien maire de Dietrich ont pu être sauvés et ont aujourd’hui leur place dans le bâtiment de la Banque de France.[30] Le monument actuel a été réalisé par les tailleurs de pierre de la cathédrale de Strasbourg et inauguré en 1980.
Références bibliographiques:
La Marseillaise. Catalogue d’exposition. Éd. des éditions des Musées de Strasbourg. 2021
Jean-Louis Panné, Marseillaises. Paris 2018
Michel Vovelle, La Marseillaise. Guerre ou paix. Dans: Pierre Nora (Éd.), Lieux De Mémoire De La France. Avec une préface D’Etienne François. Munich: Beck 2005, P. 63-112
Stefan Zweig, Le Génie d’une Nuit. La Marseillaise, 25 Avril 1792. In: Heures stellaires de l’humanité. Projet Gutenberg https://www.projekt-gutenberg.org/zweig/sternstu/chap005.html
Remarques
[1] Selon David d’Angers, C’est Rude lui-même qui a donné ce surnom à son extrait des volontaires. Catalogue D’Exposition, P. 118
[2] Pour en savoir plus, consultez L’article de Blog sur L’Arc de triomphe: https://paris-blog.org/2016/11/01/der-arc-de-triomphe-die-verherrlichung-napoleons/
[3] Vovelle, P. 67/68
[4] Exposition Marseillaise. Du matériel D’accompagnement à L’image
[5] https://www.wikiwand.com/en/Philippe_Friedrich_Dietrich et https://de.wikipedia.org/wiki/Friedrich_von_Dietrich
[6] Texte: https://www.mayenne.gouv.fr/content/download/24162/186396/file/PAROLES%20DE%20LA%20MARSEILLAISE.pdf
Traduction: Vovelle, P. 68: Les Armes à la Main! Sur les citoyens, mis en place! Marche, marche, Et le mauvais sang doit abreuver notre champ (En fait,: sang impur… W. J.)
Version française de toutes les strophes: https://www.frankreich-info.de/themen/politik/marseillaise
La caractérisation » assoiffée de sang « se retrouve par exemple dans un article du Tagesspiegel du 18.11.2015, qui examine la question de la popularité persistante de l’hymne national: »en fait, c’est un chant assoiffé de sang ». https://www.tagesspiegel.de/kultur/warum-jetzt-alle-die-marseillaise-singen-herzschlag-der-nation/12607936.html
[7] Image: https://de.wikipedia.org/wiki/Datei:Jacques_Bertaux_-_Prise_du_palais_des_Tuileries_-_1793.jpg
Voir Aussi analyse D’image dans l’histoire par l’image: https://histoire-image.org/de/etudes/chute-royaute
[8] Zit.: https://www1.wdr.de/stichtag/stichtag6824.html; Xavier Mauduit, l’homme qui voulait tout. Flammarion 2921. voir aussi: https://www.parismuseescollections.paris.fr/fr/musee-carnavalet/oeuvres/revolution-francaise-journee-du-10-aout-1792-bonaparte-assistant-a-la-prise#infos-principales
[9] « C’est un chant de fraternité. … C’est un chant qui, dans la guerre, conserve un esprit de paix.“ Cité dans le Catalogue de l’exposition, P. 146
[10] Sur Valmy voir le billet de Blog: https://paris-blog.org/2018/06/19/auf-dem-weg-nach-paris-die-muehle-von-valmy-das-fanal-einer-neuen-epoche/ ; Vovelle, P. 73/74
[11] Inscription murale de l’exposition. Traduction De W. J.
[12] Image: https://www.fandeventails.fr/fr/eventails-historiques/2393-le-geova-des-francais-eventail-franc-macon-vers-1793.html
[13] Voir: https://www.coutaubegarie.com/lot/77847/6498074
[14] Catalogue Marseillaise, p. 70F
[15] Ainsi Thierry Lentz, Napoléon et la Marseillaise. Avril 2020 https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/articles/napoleon-et-la-marseillaise/ Mais la thèse de L’interdiction de la Marseillaise sous Napoléon est très répandue. Ainsi, par exemple, dans un Article de La Tribune A propos du chant national: « le Consulat et l’Empire l’interdit purement et simple.“ https://www.latribune.fr/economie/france/la-marseillaise-un-hymne-a-l-histoire-tourmentee-524332.html
[16] Vovelle, p. 85; catalogue D’exposition, p. 117; voir aussi: https://actualites.musee-armee.fr/expositions/rouget-de-lisle-la-marseillaise-episode-7/
[17] Sur la bataille qui n’a pas été gagnée par les français, mais au cours de laquelle ils se sont battus avec bravoure, voir: https://paris-blog.org/2021/01/01/gravelotte-bei-metz-ein-einzigartiger-erinnerungsort-des-deutsch-franzosischen-kriegs-1870-1871/
[18] Vovelle, p. 94f
[19] À cet égard, il convient de rappeler le discours programmatique du Président du parti, Maurice Thorez, à Choisy-le-Roi, à L’occasion de L’anniversaire de la mort de Rouget Le Lisle: « La Marseillaise a exprimé et exprimé toujours, comme L’International, la grande cause de l’émancipation humaine. »Zit. chez Panné, p. 74
[20] Lire aussi: Nathalie Dompnier, Le succès de la Marseillaise, une ruse de l’histoire?. In: Vichy à travers chants. 1996 https://www.cairn.info/vichy-a-travers-chants-9782091778334-page-55.htm et https://www.charles-de-gaulle.org/blog/2020/09/02/la-marseillaise-entre-occupation-resistance-et-liberation-1940-1945-par-bernard-richard/
[21] Image suivante: Marseillaises
Sur le rôle de la Marseillaise dans la collaboration et la résistance, voir: https://www.charles-de-gaulle.org/blog/2020/09/02/la-marseillaise-entre-occupation-resistance-et-liberation-1940-1945-par-bernard-richard/; Robert Mencherini, La Marseillaise, Vicha Résistance et les Marseillais pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans: catalogue D’exposition, p. 100 et suiv.
[22] Voir / écouter par exemple https://www.youtube.com/watch?v=fC92nzeKW7w
[23] Le rythme plus lent correspondait aussi à la conception originale, car à l’époque du Rouget de Lisles, le rythme de marche était également plus lent. Voir: https://www.ladepeche.fr/2020/12/12/quand-vge-remaniait-la-marseillaise-9253369.php
[24] https://www.lexpress.fr/actualite/indiscret/giscard-d-estaing-critique-la-marseillaise_836450.html
[25] Dans une Lettre à Clara de 9. Juin 1828. Zit. chez: Andreas Luning, « un printemps de la poésie ». Heine-de la mise en musique dans les Romantiques, dans un Différend. 2005, p. 41 https://eldorado.tu-dortmund.de/bitstream/2003/34376/1/MA_Luening_143499.pdf
[26] Voir à ce sujet: Lüning a. a. O.; catalogue D’exposition, p. 156/157; https://eldorado.tu-dortmund.de/bitstream/2003/34376/1/MA_Luening_143499.pdf P. 33 ff et Markus Winkler, les grenadiers. Heine et Schumann. Dans: Henriette Herwig, Transitions. Entre les arts et les cultures. Documentation du Congrès Heine-Schumann 2006, p. 275 – 288
[27] David Robb / Eckhard John, frais à la manière de Marseille (Reveille). Dans: chansons populaires et traditionnelles-dictionnaire historique et critique des chansons. Juin 2013 http://www.liederlexikon.de/lieder/frisch_auf_zur_weise_von_marseille
[28] Livre d’Esteban, l’hymne national: un genre musical et son histoire. Dans: Catalogue de l’exposition, P. 182ff
[29] Photos de: https://www.kuriocity.fr/la-marseillaise-est-strasbourgeoise/
[30] https://www.inreiselaune.de/strasbourg-marseillaise-rouget-de-lisle/
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