Sur le parvis de l’église Saint-Sauveur, perché sur les hauteurs de la ville, chante un drôle d’oiseau. Resté muet pendant de longs mois, l’orgue de Saint-Sauveur s’est depuis peu remis à claironner. Inauguré au mois de mai après une longue restauration, cet orgue construit en 1645 et classé aux Monuments historiques a d’autant plus reprises de sa superbe que depuis septembre… n’importe qui peut désormais en jouer.
Le conservatoire a ouvert cette année un cours d’enseignement de l’orgue avec à la baguette Jean-Sébastien Bardon, professeur de piano et organiste titulaire à la basilique Saint-Maximin (Var). Une chance unique de venir caresser des doigts et des pieds – puisque le pédalier est très important – les trois claviers qui dirigent les 2 244 tuyaux répartis en 30 jeux, « dont 100 % sont d’origines » souligne le professeur.
Un instrument hors du commun
Et le conservatoire croule sous les demandes. Il faut dire que les places sont rares et les étudiants de véritables privilégiés. Avec des cours d’une demi-heure, seules cinq places ont donc été ouvertes aux organistes amateurs. Audrey a failli ne pas faire partie des heureux élus. Sourire radieux, la mère de famille était placée sur liste d’attente : « C’était la galère, on est beaucoup à vouloir profiter de cette chance unique !«
Devant les trois claviers, l’organiste donne une démonstration à ses élèves, qui il conseille d’avoir une base de clavier pour débuter. « C’est la taille du tuyau qui fabrique le volume. Chaque registre que je tire correspond à une rangée de tuyaux. Donc plus il ya d’air plus il va falloir appuyer sur les touches pour garder la note« , détaille avec passion Jean-Sébastien Bardon, dont le père était lui-même l’organiste de Saint-Maximin pendant de longues années.
Le cadre est exceptionnel
Rapidement, des airs grandiloquents dignes d’une tragédie grecque remplissent la voûte de l’église à mesure que la lumière dorée de fin de journée décline sur les vitraux. « Il n’y a pas à dire, le cadre est exceptionnel ! On a l’impression de mettre un pied dans l’histoire…« , souffle Audrey.
« On se familiarise autant avec l’instrument qu’avec le lieu et son acoustique« , explique Jean-Sébastien Bardon. La preuve, en posant un doigt sur une seule touche, le son met quatre secondes à disparaître entre les voûtes. « Chaque lieu, chaque orgue est unique. Comme le son tourne, si vous mettez cet orgue à l’église du Thoronet dans le Var cela mettrait presque 14 secondes à l’écho pour disparaître !«
Un fonctionnement en duo si majestueux qu’il est un peu délicat d’apprendre à la maison. « Mais c’est ce qui rend le cours aussi génial, il n’y a qu’ici que l’on peut apprendre« , confie Bernadette, retraitée, une des élèves du soir. « Les orgues électroniques sont un bon moyen d’apprendre de son côté, mais rien ne remplacera un lieu pareil« , confirme le professeur. Ce dernier espère que l’engouement autour de cet orgue de 378 ans permettra d’ouvrir une classe complète. Une chose est sûre, le colosse de plomb et d’étain de Saint-Sauveur n’a pas fini de vrombir.
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